Lu « Mara », roman de Mazarine Pingeot, paru chez Julliard. J'ai pour Mazarine Pingeot une affection particulière. D'abord, bien sûr, parce qu'elle est la fille de François Mitterrand, aux côtés duquel j'ai travaillé dix ans et à l'égard de qui ma fidélité est entière. Cette fidélité là rejaillit presque naturellement vers les siens. Ensuite parce que j'ai vu de près, pendant ces 10 ans et même au-delà, la merveilleuse histoire d'amour qui a lié ces deux êtres, François Mitterrand et Mazarine Pingeot, le père et la fille. J'ai, encore aujourd'hui beaucoup de mal à supporter les ragots des médisants et des sectaires qui n'ont pas idée de la beauté de cette passion et la résume bêtement à un « scandale d'Etat » qu'elle ne fut jamais.
Et puis j'ai eu l'occasion de rencontrer quelques fois Mazarine et d'être marqué par le charme de cette jeune femme et sa vivacité d'esprit qui en fait ce que j'appelle « une belle personne ». Une belle personne de son temps.
Bref tout ce qui la concerne m'intéresse et ce qu'elle écrit en particulier. Avec cette question qui la pourchasse depuis qu'elle a entrepris une carrière d'écrivain : « fille de », normalienne, agrégée de philosophie, pourra-t-elle, saura-t-elle devenir un écrivain de talent, une romancière incontestable.
Eh bien, avec « Mara », j'ai le sentiment qu'on détient un début de réponse à cette question. Et un début de réponse bougrement encourageant. Car il y a là un vrai livre, épais et dense, avec une vraie histoire, originale et tragique, de vrais personnages complexes, des sentiments lourds de sens et une écriture qui retranscrit tout cela avec beaucoup de talent.
Dans cette histoire d'amour passionnel interdit entre un frère et sa s½ur, sur les bords maghrébins de la méditerranée, de Tanger à Alger, j'ai en particulier beaucoup apprécié les pages sur la détresse des enfants adoptés, qui sont d'abord des enfants abandonnés et toujours à la recherche de leur histoire et de leur identité. Tous ceux et toutes celles qui ont côtoyé dans leur vie familiale ou amicale, ces sentiments souvent violents, seront émus par cette retranscription.
En tout cas, vous l'aurez compris, je vous encourage à lire ce très beau livre.
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