Les vacances, c'est bien connu, sont faites pour se reposer et pour se distraire. Et donc pour se cultiver....celles-ci n'ont pas failli à la régle : un bref séjour à Paris , Noël familial oblige, pour se gaver d'expos et de spectacles chorégraphiques et quelques livres qui ont été de très bons compagnons de vacances :
Samedi 22 décembre
- À Garniér, le spectacle Forsythe/ Trisha Brown. Du premier, " in the middle somewhat elevated", "woundwork1" et "Pas./parts", les trois sur des musiques de Thom Willems. Du Forsythe pur jus : épuré, sans fioritures, décors lisses et presques froids, costumes a minima, du moderne -moderne, très technique et assez peu émouvant . Les créations datent de 87, et 99 pour les deux dernières . Wounwork pour deux couples est la plus esthétique, Pas.part, pour une quinzaine de danseurs, la plus révélatrice de la richesse du corps de ballet.
De Trisha Brown, O zlozony/ O composite sur une musique de Laurie Anderson, datant de 2004 ,est un travail pour trois danseurs, une femme et deux hommes, lent et très beau. Isabelle Ciaravola et Nicolas Le Riche étaient accompagnés d'un remplaçant de Jérémie Bellingard malade. Marc Moreau? Il s'est bien débrouillé le bougre.. Une remarque générale sur ces 4 ballets : quand les décors sont si simples et froids, c'est souvent l'éclairage qui donne l'émotion, quand on passe de la lumière blanche au tamisé, ou aux éclairages indirects, aux suivis très serrés . Eh bien, ça manquait...
Dimanche 23 décembre
-Àu théâtre de la Ville , " Désh" solo d'Akram Khan , création de 2011. Akram Kahn, qu'on a vu danser ces dernières années avec Sylvie Guilhem, Sidi Larbi Cherquaoui ou Juliette Binoche, est ici seul sur scène pendant une heure et demie. " Desh" ça veut dire terre en Bengali. Et pour un retour au Bangladesh de ses origines, le chorégraphe londonien a imaginé ce dialogue avec son père, sur sa tombe au milieu de la scène . C'est un très, très beau spectacle, varié, émouvant, avec de très belles musiques de Jocelyn Pook, des décors somptueux, et de l'émotion, de l'émotion, de l'émotion ...À voir !
Lundi 24 décembre
- Au théâtre des Champs Elysées , la Compagnie Sara Baras, la grande danseuse de flamenco. Un spectacle étonnant, construit comme une comédie musicale, loin des couleurs traditionnelles du flamenco. Mais des chanteurs magnifiques et des danseuse envoûtantes ....comme des danseuses de flamenco. Les danseurs hommes sont un ton en-dessous. Mais la grande Sara mène ça de main de maîtresse.
Mardi 25 décembre
- À la fondation Cartier, le peintre chinois Yue Minjun. Des hommes qui rient ,qui rient à s'en décrocher les mâchoires, avec de grandes bouches aux lèvres très rouges et des dentitions blanches impeccables. Des hommes qui rient en rangs serrés dans des situations aussi extravagantes les unes que les autres. Mais quand on en a vu un, est-ce qu'on n'en a pas vu cent ? - Au Jeu de Paume, l'expo du photographe mexicain Manuel Alvarez Bravo, mort en 2002 à l'âge de 100 ans. Un siècle de photographies dont la célèbre " ouvrier en grève assassiné"de 1934. C'est d'une très grande richesse.
- À la maison européenne de la photo la rétrospective de 1950 à nos jours . Très amusant : depuis les photos officielles de nos présidents jusqu'à celles des pubs les plus connues ( ah ! Ce "demain j'enlève le haut "...) en passant par des photos reportages ( eh ! Ce Cohn Bendit en 68..). Bref toute une part de notre vie.
- À la Galerie "Vu" l'expo de Richard Dumas. Il était rocker à Rennes et il s'est mis à photographier les stars. Mais pas sur scène, en backstage .Intéressant.
Mercredi 26 décembre
Lu " Certaines n'avaient jamais vu la mer" de Julie Otsuka paru chez Phebus en 2012 et traduit de l'anglais par Corinne Chichereau. Un de ces livres qui ont un grand succès en librairie alors qu'ils n'ont pas de prix littéraire et qu'ils sont publiés dans une petite maison d'édition, grâce au "bouche à oreille". Un travail original sur un épisode méconnu de l'histoire contemporaine : l'exode de jeunes japonaises vers les USA entre les deux guerres mondiales. Intéressant car la narration se fait à la première personne du pluriel, le "nous". Le nous collectif de ces femmes promises par correspondance à des hommes qui les attendent et avec qui elles vont faire leurs vies, des vies difficiles. Mais des vies de labeur qui permettent de s'intégrer plus ou moins au rêve américain. Puis vient la deuxième guerre mondiale qui oppose, notamment, les USA au....Japon. Et la, tout se complique....un bouquin très prenant même si ce "nous" collectif empêche de mieux vivre l'émotion des destins particuliers.
Jeudi 27 décembre
Lu"Oh..." De Philippe Djian, paru chez Gallimard. Voilà un livre qui m'a passionné ! Parce que l'auteur est un homme et qu'il écrit au féminin, décrivant avec finesse et subtilité la psychologie et les sentiments d'une femme face aux hommes de sa vie : son père ,un assassin qui est en prison, son ex-mari, son fils de 25 ans, son amant et...son violeur avec lequel elle va connaître une drôle de relation qui se terminera très mal. Ça se passe dans le Paris d'aujourd'hui, dans des milieux plutôt " bobo" et c'est très, très enlevé . Le meilleur Djian à mon humble avis.
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